Cette nouvelle SL marque un point d’arrêt à l’inflation des proportions en longueur (4,7 mètres) comme en poids (1,9 tonne). Son physique, massif pourtant, se distingue par une structure plus compacte.

La toute dernière génération du cabriolet-phare de Mercedes constitue un vrai pari radical. Plus compact et plus sportif, la SL change de peau, de charpente et se barde de technologies. Pour le meilleur? Réponse dans cet essai.

De génération en génération, la SL de Mercedes s’est imposée comme un modèle iconique, et sans doute le plus désirable pour qui veut se constituer un garage idéal contenant au moins une Mercedes. A la fois symbole d’élégance et de dynamisme, depuis la « Pagode » de 1963, la marque à l’étoile a toujours voulu en faire un modèle incontournable, une référence dans le domaine du luxe.

Mais au fil des générations, ce modèle de légèreté (le « L » de SL, pourtant…) et de distinction a beaucoup changé. Avec l’évolution des tendances automobiles et des demandes de la clientèle, la SL a pris déjà beaucoup de poids… passant d’1,3 tonne à 1,7 sur la version 2020, et quasiment 2 tonnes pour les versions les plus musclées.

Cette nouvelle SL marque un point d’arrêt à l’inflation des proportions en longueur (4,7 mètres) comme en poids (1,9 tonne). Son physique, massif pourtant, se distingue par une structure plus compacte.
Cette nouvelle SL marque un point d’arrêt à l’inflation des proportions en longueur (4,7 mètres) comme en poids (1,9 tonne). Son physique, massif pourtant, se distingue par une structure plus compacte. © Antoine Larigaudrie

Car la course à la puissance est passée par là, et l’on est passé du 6 en ligne des tout débuts à des mécaniques bien plus calibrées, V8, V8 compressés et turbocompressés, voire V12 ! De plus en plus, la clientèle en effet a recherché un cabriolet luxueux mais aussi de plus en plus puissant, en ligne voire au-dessus de la concurrence. Et en un peu plus de 50 ans, on est passé de 150 chevaux jusqu’à… 585 pour la version 63 AMG de 2020. Une inflation continue qui a transformé le petit roadster des débuts en imposant dragster, lourd et pas forcément très agile, flirtant parfois avec la caricature…

Notamment à cause d'un rayon de braquage peu important, la Mercedes SL reste parfois compliquée à stationner.
Notamment à cause d’un rayon de braquage peu important, la Mercedes SL reste parfois compliquée à stationner. © Antoine Larigaudrie

Le point fort: une conception dynamique

Pour la nouvelle génération 2022, Mercedes semble être reparti de zéro. Revenir à un peu de simplicité, et à un engin déjà un peu plus compact. Et comme l’indique le nom complet du modèle, toute la conception et la réalisation de ce modèle a été confiée à AMG, la division sport et course de Mercedes. Et avec profit. Tout en adoptant les optiques et la calandre extrêmement agressives des modèles sportifs de la gamme, cette nouvelle SL marque un point d’arrêt à l’inflation générale: en longueur (4,7 mètres) et en poids (1,9 tonne).

Son physique, massif pourtant, se distingue par une structure plus compacte, avec un long capot rappelant la première AMG-GT, mais une malle arrière bombée et plutôt courte, qui laisse deviner un certain dynamisme. Et puis finis les toits en dur escamotables, retour à la bonne vieille capote en toile, qui fait gagner une vingtaine de kilos.

Le passage du toit en dur à la capote permet à la nouvelle SL de gagner une vingtaine de kilos sur la balance.
Le passage du toit en dur à la capote permet à la nouvelle SL de gagner une vingtaine de kilos sur la balance. © Antoine Larigaudrie

Coup d’arrêt également au calibre des moteurs, jusqu’à (et c’est une première !) l’adoption pour le « petit modèle » SL43, d’une mécanique 4 cylindres réputée, héritée de la Classe A AMG. L’heure est donc, en attendant un passage inévitable à l‘électrification, à une certaine forme de modération.

« Certaine » est le bon terme. Car ce n’est pas exactement le cas sur cette version SL63, joyau de la gamme. Quand on regarde la fiche technique du moteur, il y a de quoi avoir le tournis. V8 Biturbo, 585 chevaux, et un couple de 800Nm. Et pourtant, tous ces chiffres sont stables voire légèrement inférieurs à la génération précédente. En revanche, la masse à propulser reste la même, approchant les 2 tonnes.

Sous le capot de notre modèle d'essai, un V8 Biturbo de 585 chevaux pour un couple de 800Nm.
Sous le capot de notre modèle d’essai, un V8 Biturbo de 585 chevaux pour un couple de 800Nm. © Antoine Larigaudrie

Par conséquent, AMG a travaillé le dynamisme de l’engin avec quelques recettes high-tech vraiment probantes : déjà une transmission 4Matic+, 4 roues motrices, pour assurer une motricité parfaite face à ce déluge de puissance, mais aussi 4 roues directrices, pour une conduite bien plus dynamique. L’amortissement, la rigidité du châssis, le contrôle du roulis… tout est fait pour sortir la SL moderne de son ancien statu d’aimable dragster surpuissant, bon pour les lignes droites et les burn-out au démarrage. Cette SL sauce 100% AMG est vraiment née pour être bien plus rigoureuse et aller manger de la Porche 911.

Entre balade tranquille et accélérations sauvages

Au volant l’impression se confirme, à aucun moment ne point l’impression d’une lourdeur excessive, la qualité de la direction y est pour beaucoup. Et pourtant le bruit de remorqueur du V8 Biturbo au ralenti rappelle qu’on est à bord d’un engin à la puissance colossale. Les modes de conduites les plus doux (confort, notamment), vous assurent une expérience de conduite agréable, cheveux au vent ou pas (à noter la qualité bluffante de l’insonorisation pour un cabriolet aussi puissant), on entend le moteur jusque ce qu’il faut, on profite comme d’habitude d’une excellente sono Burgmeister, et la boite automatique à 9 rapports assure un « cruising » paisible, avec une étonnante facilité de prise en main.

L'habitacle de cette SL est bâti sur des standards très élevés de luxe.
L’habitacle de cette SL est bâti sur des standards très élevés de luxe. © Antoine Larigaudrie

Le tout dans une atmosphère très luxueuse, des cuirs d’une excellente qualité, un grand écran d’infotainment. La suspension, même si elle reste un peu ferme, garantit des balades plutôt tranquilles et agréables. Tant qu’on en a envie. On peut aussi se consacrer tranquillement au paramétrage de l’auto, possible dans les moindres détails, jouer avec la capote qui se replie en 15 secondes, l’aileron arrière escamotable, le volume de l’échappement, le niveau de dureté des suspensions. Tout est réglable via l’écran central et plusieurs types de commandes au volant. Y compris les réglages dynamiques qui vont radicalement changer le comportement de l’engin.

Une technologie au service des sensations

Car passez en mode Sport et Sport+… et là, la SL se transforme en véritable furie enragée. Le grondement du V8 devient vraiment intimidant, l’échappement se libère, les turbos entrent en action dès 2500-3000 t/min et on se retrouve rapidement incrusté sans le siège à la moindre accélération… le paysage vous saute au visage avec un 0 à 100 km/h exécuté (c’est le mot) en un peu plus de 3,5 secondes. Une impression de puissance infinie, un son d’anthologie, des rétrogradages agressifs ponctués de crépitements et de pétarades juste ce qu’il faut… mais le tout avec une impression de facilité, de maîtrise et de sécurité qui met totalement en confiance, malgré le potentiel délirant de cet engin.

Le grand capot long à l'avant rappelle le style de la Mercedes AMG-GT.
Le grand capot long à l’avant rappelle le style de la Mercedes AMG-GT. © Antoine Larigaudrie

Un équilibre vraiment incroyable en grande partie dû à l’appareillage électronique, mais aussi encore une fois à la qualité de la direction. Et sans aucunement dénaturer un plaisir de conduite intense, qui arrive à faire oublier la masse et l’encombrement de la SL. On en vient à des vitesses en virage assez incroyable… on n’ira pas chercher une Mazda MX-5 là-dessus, mais la maniabilité et le dynamisme de la SL63 sont très étonnants. Impression encore plus intense quand on opte pour le mode séquentiel de la boîte de vitesse multidisque, avec palettes au volant, qui implique encore plus le conducteur. Une expérience réellement inoubliable (Oui, il existe également un mode « Race ». Mais autant le réserver à la conduite sur circuit)

Le point noir: pas très pratique et gloutonne

Alors oui, on ira bien chercher quelques défauts. Un rayon de braquage un peu décourageant qui rend les manœuvres pour se garer toujours compliquées, surtout quand on veut préserver la superbe carrosserie et les jantes spectaculaires des affres de la conduite urbaine.

Les places à l'arrière sont plus que symboliques.
Les places à l’arrière sont plus que symboliques. © Antoine Larigaudrie

Le coffre, sans être minuscule, n’est pour autant ni très grand ni très pratique (environ 230 litres). Les places arrières, qui ont le mérite d’exister et d’être à peu près praticables, restent quand même des places d’appoints plutôt inconfortables, obligeant à se tenir légèrement penché en avant et avec la tête qui frotte contre la capote et puis que dire des dimensions un peu folles de l’écran central, qui singe celui des Tesla, alors que l’attention du conducteur est plutôt monopolisée par une planche de bord suggestive à souhait, bourrée de paramètres.

Et oui, celui de la consommation d’essence notamment, qui a bien du mal à descendre sous les 17 litres/10km en conduite urbaine raisonnable (13 en données mixtes WLTP). Certes, le V8 Biturbo est porté sur la boisson et crache beaucoup de CO2 (290g/km)… garantie du malus maximal qui fait mal (40.000 euros).

Deux Mercedes en une

Pour autant, les amateurs (fortunés) de hautes sensations automobile n’hésiteront absolument pas. Cette nouvelle SL plus compacte, plus pointue et définitivement plus dynamique reste une Mercedes SL d’anthologie, sans doute une des meilleures. A savoir un roadster de grande classe doté d’une riche histoire et d’une image de marque irréprochable.

Ce véhicule reste un modèle d'exception. Le prix de celui de notre essai dépasse les 195.000 euros.
Ce véhicule reste un modèle d’exception. Le prix de celui de notre essai dépasse les 195.000 euros. © Antoine Larigaudrie

Mais cet engin bipolaire sait aussi se transformer à la demande en GT diabolique qui fait corps avec vous, avec des sensations mécaniques qui vont chercher du côté des toutes meilleures sportives. Le tout grâce à une technologie hautement maitrisée et qui ne dénature en rien le plaisir de conduite. Du très grand art.

Notre modèle à l’essai: Mercedes-AMG SL63 4Matic+
Prix de base hors malus: 195.750 euros

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