De mi-décembre au 14 mars, l’observatoire Pelagis a décompté près de 700 échouages de petits cétacés sur la façade atlantique française. Sea Sheperd demande l’interruption de certains types de pêches à certaines périodes de l’année pour protéger les dauphins.
Sept dauphins ensanglantés devant les drapeaux des 27. L’ONG de défense des océans Sea Sheperd a déposé ce mardi devant le Parlement européen à Strasbourg sept dauphins récemment échoués sur des plages françaises après avoir été mutilés.
Ces animaux ont été « victimes des engins de pêche », selon l’ONG. Elle souhaite l’UE contraigne la France à cesser les techniques de pêche non-sélectives.
« On vient devant le Parlement européen parce qu’aujourd’hui l’État français ne fait rien, il n’y a pas de mesures efficaces pour protéger les dauphins », a expliqué à l’AFP Frédéric Pizzol, coresponsable de mission à Sea Shepherd France.
« La commission européenne a demandé à ce que la France agisse, mais rien n’est fait. On demande à ce que l’Europe soit plus intransigeante », a-t-il ajouté.
Des militants ont déposé les sept dépouilles de dauphins et brandi une banderole proclamant en anglais « Des milliers de dauphins sont tués chaque année en France pour que vous puissiez manger du poisson ».
Une mort « avec une grande souffrance »
Ces animaux « ont été découverts hier sur les plages vendéennes et sont victimes des engins de pêche non-sélectifs », a expliqué Frédéric Pizzol, expliquant que sur le seul mois de février, son ONG en a observé 19 pris dans les filets de chalutiers et de fileyeurs.
« Quand ils sont pris dans les filets de pêche, ils ne peuvent pas respirer, donc c’est une mort avec une grande souffrance », a-t-il poursuivi, décrivant des dauphins sur lesquels « on voit des marques de filets, des écorchures, des hématomes sur les poumons parce qu’ils sont morts par noyade ».
L’ONG mène ce type d’action depuis plusieurs semaines (à La Rochelle et aux Sables d’Olonne par exemple). « La mer n’en finit plus de rejeter les cadavres de dauphins, capturés par les engins de pêche. Quand ces derniers sont mutilés, c’est qu’ils ont soit été consommés soit victimes d’une tentative de les faire couler pour masquer les preuves de capture », affirmait en janvier dans un communiqué Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France.
Près de 700 échouages de dauphins cet hiver
Le week-end du 11-12 mars a vu « un nombre d’échouages de cétacés sur nos côtes sans précédent », alerte ce mardi, dans un communiqué, l’observatoire de la biodiversité Pelagis (CNRS et Université de La Rochelle). Il recense « au moins 120 échouages » signalés en deux jours, un chiffre qui continue de grimper depuis.
Au total, de mi-décembre au 14 mars, l’observatoire Pelagis décompte sur la façade atlantique près de 700 échouages de petits cétacés, qui sont pour l’écrasante majorité (92%) des dauphins communs. Ces échouages ont principalement lieu en Charente-Maritime, dans les Landes, en Vendée et en Gironde.
Le phénomène de la surmortalité liée aux captures dans des engins de pêche est régulièrement observé en hiver, « principalement entre janvier et mars » et s’est intensifié depuis 2016, selon l’observatoire.
Une décision du Conseil d’État attendue
Comme d’autres ONG, Sea Shepherd France demande l’interruption temporaire de certains types de pêches à certaines périodes de l’année, lorsque sont constatés des pics d’échouage de dauphins sur les côtes. L’ONG attend une décision du Conseil d’État sous peu.
Fin février, la rapporteure publique du Conseil d’État, dont les avis sont en général suivis par la plus haute juridiction administrative, s’est prononcée en faveur de la mise en œuvre d’ici à six mois de fermetures spatio-temporelles de certaines pêches jugées responsables du décès de nombreux cétacés.
Le président Emmanuel Macron a estimé le mois dernier que la France devait « améliorer (ses) pratiques » pour mieux protéger les dauphins, face à la multiplication des échouages, tout en réaffirmant son soutien aux pêcheurs.
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