En 79 après Jésus-Christ, le Vésuve est entré en éruption, effaçant notamment la cité de Pompéi de la carte. Le corps de l’une des victimes a été retrouvé des années après, son cerveau ayant été transformé en morceaux de verre, longtemps sans qu’on sache pourquoi.

Un mystère enfin résolu? Dans une étude parue jeudi 27 février dans la revue Nature, des scientifiques affirment avoir découvert pourquoi le cerveau de l’une des victimes de l’éruption du Vésuve en 79 après Jésus-Christ s’est transformé en verre, un cas unique au monde et une énigme longtemps restée sans réponse.

« Le (verre) s’est formé par un processus unique de vitrification du cerveau à très haute température », disent les scientifiques italiens qui ont mené l’étude, parlant d’une température « bien supérieure à 510°C ».

À ce « réchauffement rapide initial » a succédé un « refroidissement très rapide » qui a permis la transformation du cerveau en verre. De fait, « le verre se forme lorsqu’un liquide est refroidi rapidement, empêchant la cristallisation », dit l’étude, qui parle d’un processus de « transition vitreuse ».

Un nuage de cendres suspecté

Selon les experts, la coulée de lave du Vésuve était à une température estimée de 465°C, et non 510°C. Qu’est-ce qui a pu alors affecter le cerveau de la victime à cette température?

Les auteurs de l’étude estiment que la seule explication possible est qu’un nuage de cendres très chaudes a dû précéder l’éruption du volcan. Ce nuage aurait recouvert rapidement le corps de la victime, un jeune homme, qui se trouvait alors allongé sur son lit, transformant son cerveau en verre.

Le corps du jeune homme, dont l’âge est estimé aux alentours de 20 ans au moment de sa mort, a été retrouvé dans les années 1960 lors de fouilles. Il se trouvait dans un bâtiment d’Herculanum dédié au culte de l’empereur Auguste. 

Ce n’est qu’en 2018 que des scientifiques ont remarqué la présence de fragments noirs brillants dans le crâne du jeune homme, dont certains faisaient jusqu’à un centimètre de large. Il s’agissait en réalité du cerveau transformé en morceaux de verre noir. Dans ces morceaux de verre, des neurones, des axones et de la moelle épinière ont même pu être observés au microscope.

Le « seul cas » au monde

Les scientifiques auteurs de l’étude rappellent que « les verres naturels sont peu courants mais pas rares sur Terre ». Les cas connus concernent seulement de la vitrification de bois.

Ce cerveau transformé en verre constitue le « seul cas » de tissu humain ou animal transformé en verre identifié dans le monde.

Auparavant, une précédente théorie avançait que le jeune homme avait dû être rapidement enseveli par les roches et les gaz expulsés par le Vésuve et que c’était ce qui avait transformé son cerveau.

Un phénomène « très peu étudié »

Pour les scientifiques, le scénario le plus probable est qu’un « nuage de cendres rapide et très chaud a été le premier événement mortel lors de l’éruption du Vésuve en 79 apr. J.-C. » En clair, les habitants de Pompéi ont été tué par le nuage de cendres et non par la coulée de lave.

L’un des auteurs de l’étude, Guido Giordano, dit espérer que cette découverte va permettre de faire mieux connaître les dangers des nuages de cendres « très peu étudiés » aujourd’hui. C’est probablement ce qui a tué certaines des 215 victimes de l’éruption du volcan Fuego au Guatemala en 2018.

On ignore encore pourquoi ce jeune homme d’environ 20 ans resté dans son lit dans un bâtiment au coeur de la ville a été le seul à subir ce sort, alors qu’il est loin d’être la seule victime de l’éruption du Vésuve qui a fait des milliers de morts. « Peut-être qu’il était ivre », plaisante Guido Giordano.

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