La société de biotechnologie américaine, Colossal Biosciences, affirme avoir donné naissance à trois « loups terribles », un canidé de l’ère glaciaire disparu depuis plus de 10.000 ans, grâce à des techniques de clonage et d’édition génétique.
Comme un semblant de science-fiction. Une entreprise de biotechnologie américaine a assuré ce lundi 7 avril avoir ressuscité une espèce disparue depuis plus de 10.000 ans, le Canis dirus autrement appelé le « loup sinistre » ou le « loup terrible ».
La société Colossal Biosciences – qui avait déjà fait parler d’elle en se lançant dans la résurrection du dodo ou du mammouth laineux – affirme « pour la première fois » avoir « réussi à restaurer une espèce autrefois éradiquée grâce à la science de la dé-extinction ».
Ce loup géant au pelage blanc, lointain cousin du loup gris, était un super-prédateur de l’ère glaciaire qui vivait en Amérique du Nord. Il a notamment inspiré le redoutable loup de la série Game of Thrones.
Un « avantage pour la conservation de la biodiversité »?
L’entreprise Colossal Biosciences a utilisé de l’ADN ancien de cette espèce pour réécrire le code génétique du loup gris commun et leur a donné le nom de Romulus, Remus et Khaleesi, en référence aux mythiques fondateurs de Rome recueillis et nourris par une louve et au rôle principal de la série américaine pourtant plus proche des dragons.
« Notre équipe a prélevé l’ADN d’une dent vieille de 13.000 ans et d’un crâne vieux de 72.000 ans et a créé des louveteaux géants en bonne santé », explique Ben Lamm, cofondateur et PDG de Colossal, dans un communiqué de presse, cité par CNN.
Une fois cet ADN prélevé et analysé, des gènes du noyau d’une cellule du loup commun ont été modifiés afin qu’ils correspondent à ceux du loup géant. Le noyau modifié a été transféré dans un ovule énuclée. Les embryons se sont développés en laboratoire puis ont été greffés dans l’utérus de deux chiens domestiques qui ont mené la grossesse à terme.
« Quand je les ai vus naître et qu’ils étaient blancs, je me suis dit: ‘On a réussi’, se réjouit Beth Shapiro, scientifique en cheffe de Colossal Biosciences, à ABC News. « Ce sont des loups terribles. »
Les trois loups géants vivent désormais sur un site de 800 hectares, tenu secret, entouré d’une haute clôture et font l’objet d’une surveillance permanente. Les scientifiques de Colossal Biosciences espèrent que cette expérience leur permettra plus largement d’empêcher la disparition des espèces menacées ou de réintroduire d’autres espèces disparues.
« Ce type de technologie, à mesure qu’elle devient plus largement disponible, va avoir d’énormes avantages pour la conservation de la biodiversité », assure Beth Shapiro à ABC News. L’entreprise a également souligné avoir cloné quatre loups rouges, un animal en danger critique d’extinction.
« Il faut être prudent lorsqu’on joue avec les gènes »
Si certains scientifiques s’émerveillent de cette « avancée », d’autres sont plus spectiques, voire inquiets.
La paléontologue Julie Meachen doute qu’ils s’agissent réellement de loups terribles. « Je ne pense pas qu’il s’agisse réellement de loups terribles. Ce que nous avons, c’est quelque chose de nouveau: nous avons un loup principalement gris qui ressemble à un loup terrible », note-t-elle auprès de ABC News.
Des détracteurs de la « de-exctinction » pointent du doigt les risques que ce processus de reproduction engendre sur les mères porteuses. « Il y a un risque de décès. Il y a un risque d’effets secondaires graves », explique au Time Robert Klitzman directeur du master de bioéthique à l’Université Columbia. « Il y aura des fausses couches. »
Quand des spécialistes se questionnent sur la survie dans la nature de ces futures espèces ou de leur impact sur la biodiversité actuelle. « Il faut être prudent lorsqu’on joue avec les gènes, car il pourrait y avoir des choses que nous ne comprenons pas », averti Robert Klitzman auprès de ABC News.
« On pourrait créer un loup deux fois plus féroce. On pourrait créer un super loup, ou un super rat, ou une super souris, si l’on joue avec des souris ou des rats, par exemple, qui dévorent tout ce qui passe sur leur passage », ajoute-t-il.
« Il est difficile d’imaginer que des loups géants soient un jour relâchés et jouent un rôle écologique », se questionne de son côté auprès de CNN Christopher Preston, professeur de philosophie environnementale à l’Université du Montana. « Il me semble donc important de se demander quel rôle joueront ces nouveaux animaux ».
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