des chercheurs d'une base en Antarctique appellent à l'aide après l'agression d'un collègue

Sur la base sud-africaine de SANAE IV, un des neufs membres de l’équipe parti pour une mission de treize est accusé d’agression et de menaces de mort. À 4.000 kilomètres de là, le gouvernement assure une médiation à distance.

La situation ressemble au scénario d’un film. Des chercheurs bloqués sur une base scientifique isolée en Antarctique ont envoyé un message d’appel à l’aide pour faire face à un collègue accusé d’agression. Des faits qui se déroulent actuellement à la base SANAE IV, gérée par l’Afrique du Sud, rapporte AP.

Le mois dernier, un des neuf membres de l’équipe présente sur la base de recherche a écrit aux autorités sud-africaines. Selon ce document que s’est procuré le Sunday Times local, il fait état « d’un comportement (qui) a atteint un niveau profondément perturbant » concernant un collègue masculin.

Il mentionne une agression physique ainsi que des menaces de mort proférées. « Je reste profondément préoccupé pour ma propre sécurité et je me demande constamment si je ne serai pas la prochaine victime », écrit cette personne restée anonyme.

Un « climat de peur et d’intimidation »

Le courriel envoyé demande également de l’aide pour faire face à cette situation et assurer la sécurité de l’équipe, parlant d’un « climat de peur et d’intimidation ».

Le ministère sud-africain des Forêts, de la Pêche et de l’Environnement, qui supervise ces missions de recherche, a déclaré dans un communiqué ce lundi 17 mars que l’agression présumée avait été signalée le 27 février et qu’il s’était saisi de la situation à distance.

Selon ce communiqué, les autorités s’entretiennent « presque quotidiennement » avec les membres de l’équipe de la base SANAE IV.

« L’auteur présumé a volontairement participé à une évaluation psychologique plus approfondie, a exprimé des remords et s’est montré disposé à coopérer », a déclaré le ministère. Comme le rapporte CBSNews, il a écrit des excuses à la victime et s’est dit prêt à « s’excuser verbalement auprès des autres membres de l’équipe ».

« Un différend concernant une tâche »

Les autorités sud-africaines ont également précisé que les accusations d’agression sexuelle rapportée par le Sunday Times étaient inexactes.

Ce mardi, le ministre de l’Environnement, Dion George, a affirmé auprès de CBSNews que la situation sur la base restait « calme » et que tout était « sous contrôle ». « Je resterai en contact étroit avec la base pour m’assurer que cela reste ainsi », a-t-il ajouté, précisant qu’une équipe « de psychologues et d’autres experts » était en contact avec les chercheurs de la base.

Interrogé sur ce qu’il pouvait faire pour assurer la sécurité de l’équipe, le ministre a indiqué qu’il « étudiait les options disponibles ». Un processus juridique a été lancé pour enquêter sur les accusations d’agression et de menaces de mort.

D’après la BBC, un porte-parole du gouvernement sud-africain a déclaré que l’agression avait été déclenchée par « un différend concernant une tâche que le chef d’équipe voulait que l’équipe effectue, une tâche dépendante des conditions météorologiques qui nécessitait un changement d’horaire ».

Une base à plus de 4.000 kilomètres de l’Afrique du Sud

Selon AP, la base de SANAE IV abrite neuf personnes dont des scientifiques, des ingénieurs et un médecin. Ils y sont pour une mission de treize mois, vivant dans des quartiers exigus pendant l’hiver hostile de l’Antarctique, dont les six mois d’obscurité commencent en juin.

La base est située sur pilotis près d’une falaise, entourée d’une calotte glaciaire. Elle est donc très difficile d’accès et se trouve à plus de 4.000 kilomètres des côtes de l’Afrique du Sud dont elle dépend. Un navire partant du Cap met entre 10 et 15 jours pour la rejoindre. En outre, les conditions météorologiques extrêmes actuelles compliquent d’autant plus un voyage.

Selon les médias locaux, la prochaine visite d’un navire de ravitaillement est prévue en décembre. Pour l’heure, les autorités sud-africaines n’ont pas décidé d’une mission prématurée ou d’une quelconque évacuation.

Une « adaptation nécessaire »

Le ministère de l’Environnement a rappelé que tous les membres de l’équipe scientifique ont subi des tests et des évaluations avant le début de leur mission « pour s’assurer qu’ils étaient capables de faire face à la « nature extrême de l’environnement en Antarctique » ainsi qu’à l’isolement et au confinement.

« Il n’est pas rare qu’une fois que les individus arrivent dans les zones extrêmement reculées où se trouvent les bases scientifiques, une adaptation initiale à l’environnement soit nécessaire », a-t-il écrit dans son communiqué publié ce lundi, assurant que lors du départ pour l’Antarctique le 1er février, « tout était en ordre ».

Selon AP, des problèmes ont déjà été signalés en 2017 dans une autre base de recherche isolée d’Afrique du Sud, sur l’île Marion, en Antarctique également.

Un rapport publié en 2022 par la National Science Foundation, l’agence fédérale qui supervise le programme antarctique américain, indiquait que 59% des femmes du programme avaient déclaré avoir subi du harcèlement ou des agressions lors de missions de recherche.

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