Le rover Curiosity a pris ce selfie le 12 mai 2019, sur mars. NASA. (le 2 405e jour martien, ou sol, de la mission). (Photo d'illustration)

Des molécules organiques, les plus longues jamais observées sur Mars, viennent d’être découvertes par des chercheurs français, américains, espagnols et mexicains grâce à l’outil SAM, cofinancé par le CNES, et intégré au robot Curiosity de la NASA. Une découverte importante dans l’étude des formes de vie extraterrestres.

Après 13 ans de présence sur mars, c’est mission réussie pour Curiosity. Installé dans le cratère martien de 180 kilomètres de diamètre Nommé « Gale » et vieux de 3,7 milliards d’années, le robot (appelé « rover » par les spécialistes) a permis l’observation de molécules organiques semblables à celles présentes sur Terre.

Une découverte rendue possible grâce à SAM, un instrument cofinancé par le Centre national d’études spatiales (CNES) capable d’effectuer des analyses directement sur le sol martien via une sorte de laboratoire miniature intégré à Curiosity.

« C’est une nouvelle particulièrement importante pour nous autres scientifiques qui cherchons à savoir s’il y a eu de la vie sur mars », confie Caroline Freissinet, chercheuse au sein du Laboratoire atmosphères et observations spatiales (LATMOS) du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). « C’est aussi une immense joie et une grande fierté pour la France d’avoir contribué à cette découverte », se réjouit la chercheuse.

« Il est un peu plus probable que la vie ait été présente sur mars »

Si Curiosity a été envoyé sur mars, c’est essentiellement pour trouver les traces d’une quelconque forme de vie passée sur son sol. Les résultats d’analyse confirment qu’il n’y a pas « rien eu », selon Caroline Freissinet.

Pendant plusieurs mois, celle qui fut pendant six ans investie de missions de recherches au Goddard Space Flight Center de la NASA, s’est penchée sur de nombreuses données transmises par Curiosity à la suite d’un forage réalisé dans le cratère Gale. Un travail de fourmi particulièrement minutieux et complexe. Au total, près de 45 trous ont été ainsi réalisés sur la planète rouge par le rover.

Le rover Curiosity a pris ce selfie le 12 mai 2019, sur mars. NASA. (le 2 405e jour martien, ou sol, de la mission). (Photo d’illustration) © AFP PHOTO / NASA/JPL-Caltech/MSSS

L’absence de molécules à plusieurs atomes de carbone aurait écarté certaines hypothèses en faveur d’une activité biologique ancienne dans le cratère. Ce qui aurait pu couper court aux analyses.

« En trouvant des molécules longues, c’est-à-dire composées de 10, 11 et même de 12 atomes de carbone consécutifs, on se dit qu’il est un peu plus probable que la vie ait été présente sur mars, à cet endroit, il y a 3,7 milliards d’années », détaille la chercheuse.

Biologie ou chimie?

Pour autant, il est impossible d’affirmer que ces molécules, appartenant à la famille des hydrocarbures, sont bel et bien d’origine biologique. Il se pourrait qu’elles aient pour origine la chimie, ce qui n’est pas rare. « Même si l’on sait que le cratère Gale était un lac d’eau douce il y a 3.7 milliards d’années, qu’on considère alors que les conditions seraient, par comparaison à ce que nous connaissons sur Terre, favorables à la vie, il faut que nous allions plus loin encore dans la recherche », ajoute Caroline Freissinet.

Cette photo du 28 janvier 2013 de la NASA/JPL-Caltech montre une vue de la foreuse du rover martien Curiosity de la NASA positionnée sur une cible sur une plaque de roche plate et veinée appelée « John Klein ». Le site se trouve dans la zone « Yellowknife Bay » du cratère Gale. Mars. NASA. (Photo d'illustration)
Cette photo du 28 janvier 2013 de la NASA/JPL-Caltech montre une vue de la foreuse du rover martien Curiosity de la NASA positionnée sur une cible sur une plaque de roche plate et veinée appelée « John Klein ». Le site se trouve dans la zone « Yellowknife Bay » du cratère Gale. Mars. NASA. (Photo d’illustration) © HO / NASA/JPL-Caltech / AFP

Quand saurons-nous alors si mars était habitable avant de devenir ce désert soumis à un climat aride et froid? Probablement pas tout de suite, mais il s’agit bien là de la prochaine étape: des tests seront, à l’avenir, effectués sur une partie de l’échantillon d’argile prélevé par Curiosity. Un échantillon conservé par SAM et « disponible ».

En 2028, d’autres instruments d’analyse plus performants encore que SAM, seront envoyés sur la planète rouge au cours de la deuxième mission ExoMars. « C’est à ce moment-là qu’on aura plus d’informations sur l’origine des molécules découvertes », conclut Caroline Freissinet.

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