"Tu préfères" voiture thermique ou électrique ? -04/07

Le patron de Renault estime qu’il faudrait « plutôt viser 2040 », dans une interview accordée aux Echos et à trois titres de la presse européenne.

Luca de Meo veut tempérer. L’objectif européen d’interdire complètement la vente de voitures thermiques neuves à l’horizon 2035 sera « compliqué » à tenir, a estimé le patron de Renault, également, président du lobby européen des constructeurs (ACEA) dans une interview aux Echos réclamant de la « souplesse dans le calendrier ».

Jeudi, la présidente réélue de la Comission européenne, Ursula von der Leyen, avait réaffirmé vouloir tenir cet objectif. « Basculer en douze ans de 10% de parts de marché pour les VE (véhicules électriques, NDLR) à 100%, c’est vraiment très compliqué », a signalé le dirigeant aux Echos et à trois titres de la presse européenne.

« Erreur stratégique »

« Nous avons besoin d’un peu plus de souplesse dans le calendrier », a-t-il ajouté, rappelant que lorsque la décision d’interdire la vente de moteurs thermiques d’ici à 2035 a été prise « la position de la France et celle de Renault Group ont été plutôt de dire que 2035 c’était trop tôt et qu’il fallait plutôt viser 2040 ».

« Nous ne sommes pas encore sur la bonne trajectoire pour arriver à 100% de voitures 100% électriques en 2035. (…) Pour autant, il ne faut pas instrumentaliser le ralentissement actuel du marché pour abandonner purement et simplement l’objectif. Ce serait une grave erreur stratégique », a aussi souligné le patron de Renault.

Luca de Meo rappelle que l’industrie automobile a « investi des dizaines de milliards d’euros dans la transition » vers l’électrique et qu’il ne faut pas « les jeter par les fenêtres ».

Par ailleurs « nous ne devons pas refuser le progrès » et « l’électrification dans l’automobile fait partie du progrès », a-t-il martelé.

Risque d’endommager l’industrie

« La question c’est celle du rythme », explique Luca de Meo, mettant en avant que « la majorité des pays n’ont pour l’instant pas dépassé les 7% de part de marché dans l’électrique à ce jour ».

« Il faut que l’écosystème avance ensemble, tous ensemble. C’est de cela dont je parle quand je demande de la souplesse et de l’agilité », explique-t-il. En février, Luca de Meo avait déjà jugé qu’un retour en arrière sur l’interdiction des voitures essence et diesel en 2035 serait bienvenu mais compliqué. « J’espère que l’interdiction s’appliquera un peu plus tard, parce que je pense que nous ne serons pas capables de la faire sans endommager toute l’industrie et toute la chaîne de valeur de l’automobile européenne », avait-il déclaré au salon de l’automobile de Genève.

« Tu préfères » voiture thermique ou électrique ? -04/07

Enfin pour le patron de Renault, « la voiture électrique n’est qu’une des solutions » pour décarboner le secteur automobile. Pour lui il serait « plus judicieux d’accélérer en même temps la rénovation du parc » et de « regarder ce que l’on peut faire du côté des types de carburants ».

« Dans les dix prochaines années, il n’y a pas suffisamment de voitures électriques pour vraiment impacter la décarbonisation. (…) A la roulette, on ne peut pas miser tout sur une couleur », conclut-il.

« Besoin de visibilité »

Le patron de Renault a également signalé que l’instabilité politique en France était une difficulté supplementaire pour son entreprise dans le cadre de la réalisation de cet objectif.

« Le personnel politique doit comprendre que les sujets de stratégie industrielle dépassent le cycle d’un gouvernement ou d’une élection, et engagent le pays pour dix à quinze ans, a-t-il soutenu.

Et d’ajouter: « Cette stabilité est primordiale, tout comme celle des aides à l’achat, qui ne peuvent pas varier d’une année sur l’autre au gré des budgets. Pour faire des choix, nous avons besoin de visibilité ».

Théodore Laurent avec AFP

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