Les prises de position d’Elon Musk aux côtés de Donald Trump font « peur » à des acheteurs de Tesla en Europe et des appels au boycott ont été lancés. Mais il reste difficile d’évaluer à quel point le milliardaire effraie les potentiels clients.
Des ventes en très légère baisse l’an dernier, en recul plus significatif sur certains marchés en ce début d’année 2025. Il n’en fallait pas plus pour relier cette relative méforme de Tesla avec l’attitude de son patron, Elon Musk, très proche du président américain, pendant sa campagne et depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.
Le geste pour le moins controversé du salut nazi le jour de l’investiture de Donald Trump, une interprétation qualifiée de « coup tordu » par le principal intéressé, a marqué un peu plus pour certains le rapprochement d’Elon Musk avec l’extrême droite.
Des ventes en forte baisse en France et en Allemagne
De quoi susciter une baisse des ventes de Tesla? Une marque fortement liée à son patron, qui n’est pas son fondateur, mais en est le principal dirigeant depuis 2008.
En Allemagne, comme en France, les ventes du pionnier de l’électrique ont été divisées par deux sur un an au mois de janvier 2025. Mais l’arrivée imminente d’un nouveau Model Y, son modèle le plus vendu à travers le monde, reste l’explication la plus logique à cette méforme. Il pourrait donc y avoir un certain attentisme des potentiels acheteurs.
Mais dans ce contexte des prises de positions politiques d’Elon Musk, certains propriétaires de Tesla font part de leur irritation.
À Francfort, en Allemagne, Enrico Parano, cadre bancaire de 60 ans, reconnaît que « bien que la voiture soit très bonne », il réfléchirait « aujourd’hui très attentivement avant de l’acheter, en raison du comportement de Musk ». Il envisage de vendre ses actions Tesla.
« Contribuer à donner du fric à ce type fait peur », a témoigné après de l’AFP Adriaan, un jeune médecin français qui a acheté une Tesla d’occasion. Il craint cependant qu’on aille vers « une catastrophe (climatique, NDLR) encore pire que l’accession au pouvoir de l’autre fou (Donald Trump) » si l’on freine sur l’électrification des voitures.
Un boycott suggéré par un ministre polonais
Elon Musk était habitué aux gros titres, mais il divise l’opinion depuis son rapprochement avec Donald Trump, entre ses attaques contre les politiques de diversité et son soutien à l’extrême droite européenne.
Les critiques se sont notamment multipliées en Allemagne depuis qu’Elon Musk a affiché un large soutien au parti d’extrême droite AfD.
À l’arrière des Tesla européennes sont apparus des autocollants « I bought this before Elon went crazy » (Je l’ai achetée avant qu’Elon ne devienne fou), comme aux États-Unis.
Fin janvier, des activistes ont projeté sur la gigantesque usine Tesla de Berlin, pour le dénoncer, le salut polémique effectué par Elon Musk.
« Personne ne veut être associé au comportement de Musk », explique à l’AFP Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur automobile en Allemagne. Or la marque et son patron sont « presque indissociables », ajoute-t-il.
Selon un autre expert allemand, Matthias Schmidt, « l’Allemagne reste très sensible à son histoire, et ce discours politique de Musk est potentiellement toxique, étant donné que les consommateurs de Tesla sont en partie motivés par des préoccupations écologiques ».
Aux Pays-Bas, un concessionnaire Tesla a été vandalisé avec des graffitis de croix gammées début février, a rapporté le média Dutch News.
À Barcelone, en Espagne, un artiste toulousain, James Colomina, a récemment exposé un bras rouge à une station de superchargeurs Tesla.
« Installer ce bras sur une borne, c’est souligner comment certains messages peuvent réactiver des références dangereuses et s’ancrer dans les esprits », a expliqué l’artiste à nos confrères de France 3 Occitanie.
En Pologne, le soutien d’Elon Musk à l’AfD et ses commentaires sur l’histoire allemande (« les enfants ne devraient pas être coupables pour les péchés de leurs … grands-parents ») ont poussé le ministre du Tourisme Slawomir Nitras à dire qu’il était « nécessaire de répondre fermement (à Musk), par exemple avec un boycott ».
Des fans trentenaires qui restent positifs
S’il y avait un boycott, il resterait cependant difficile à mesurer: Tesla est déjà freinée en Europe par différentes difficultés.
Pionnière de la voiture électrique, la marque affronte désormais une avalanche de modèles concurrents, sur un marché en outre ralenti.
Au niveau mondial cependant, les ventes de Tesla sont restées stables pendant l’année 2024, et l’action de Tesla est au plus haut en Bourse depuis l’élection de Donald Trump.
« Tesla, c’est aujourd’hui les deux faces d’une même pièce », analyse Ieva Englund de l’institut suédois Novus, qui a réalisé un sondage en ligne fin janvier.
« La moitié de la population (suédoise) est positive ou neutre (envers la marque), et admire l’innovation et le travail environnemental de Tesla », a-t-elle commenté dans un communiqué. Mais le blocage de la situation sociale de salariés suédois de Tesla, en grève, et les actions d’Elon Musk « font voir rouge à tous les autres ».
L’experte de Novus note cependant que les hommes âgés de 35 à 49 ans, qui « peuvent être considérés comme le principal groupe cible de Tesla », restent « relativement positifs » à l’égard de la marque.
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