La sortie du président américain a stupéfié la classe politique outre-Atlantique et posé de nombreuses questions quant à son état de santé.
« Ce gars ne sait pas qu’il est vivant. » Cette violente saillie de Donald Trump en direction de Joe Biden a été prononcée en septembre 2020, lors d’un meeting en Pennsylvanie, alors que les États-Unis s’apprêtaient à élire leur nouveau président. Durant cette houleuse campagne entre les deux hommes, les attaques sur la santé de celui qui est parfois surnommé « Sleepy Joe » en raison de son air un peu distrait se sont multipliées, sans pour autant empêcher le démocrate d’accéder à la Maison Blanche.
Réputé pour ses gaffes à répétition, Joe Biden n’a pas failli à sa réputation depuis son élection. Dernier exemple en date ce mercredi, lorsqu’il a paru s’adresser, lors d’un discours, à une parlementaire républicaine tragiquement disparue en août passé dans un accident de la route, l’ancienne membre de la Chambre des représentants Jackie Walorski.
« Où est Jackie? » a demandé l’homme de 79 ans, bientôt 80, qui pourrait tenter de briguer un nouveau mandat présidentiel en 2024.
Des critiques, mais peu de conséquences
Interrogée peu après cette sortie par plusieurs journalistes, l’attachée de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a botté en touche et assuré que le président américain « avait bien en tête » que Jackie Walorski avait disparu. Des explications qui n’ont pas convaincu outre-Atlantique, et qui ont de nouveau rouvert le lourd dossier de la santé mentale et physique du dirigeant.
Une séquence qui a fait le bonheur de ses adversaires républicains, qui se sont empressés de critiquer le président sur les réseaux sociaux. La représentante républicaine du Missouri à la Chambre des représentants, Vicky Hartzler, écrit ainsi sur Twitter que « Biden et tout le personnel de la Maison Blanche devraient s’excuser » pour cette « erreur horrible et honteuse. »
De son côté, le fils de Donald Trump, Donald Trump Junior, a également taclé Joe Biden en rappelant qu’à l’annonce de la mort de Jackie Walorski, le couple Biden avait début août émis une déclaration officielle lui rendant hommage.
« Je suppose que Biden a oublié qu’il a publié cette déclaration à moins qu’il ne l’ait pas réellement publiée!?! », ironise-t-il.
Pour Matt Volking, proche conseiller en communication de Donald Trump, cette gaffe est le « pire moment cérébral de Biden de tous les temps dans le Panthéon des moments cérébraux de Biden ».
Alors que poignent à l’horizon les mid-terms, cette bourde constitue une aubaine pour les adversaires politiques de Joe Biden qui y trouvent un nouveau terrain pour l’attaquer. Pour autant, contacté par BFMTV.com, le spécialiste de la politique américaine Jean-Éric Branaa estime que ces attaques n’auront finalement que très peu d’effets.
« Les critiques sur son âge sont un angle d’attaque récurrent depuis son élection. Ce qu’il a fait n’est pas très glorieux, mais ce n’est pas très grave », nuance-t-il.
Au contraire même puisque selon les ultimes enquêtes d’opinion, Biden connaît un net rebond de popularité au sein de la société américaine.
Fausse rumeur de cancer
Outre sa santé mentale, l’état physique de Joe Biden pose également question outre-Atlantique. La démarche parfois ralentie du président est souvent pointée du doigt.
« Ce n’est pas un fragile, mais il a son âge », souligne Jean-Éric Branaa.
En juillet dernier, lors de ce qui avait été qualifié de nouvelle bourde et de manière assez ambiguë, Joe Biden avait lui-même évoqué un cancer dont il souffrirait. « C’est pourquoi moi, et tant d’autres personnes avec qui j’ai grandi, avons un cancer », avait-il dit lors d’un discours tenu dans le Delaware dans lequel il abordait les problèmes environnementaux.
Très vite, et une nouvelle fois en réaction aux attaques des républicains, la Maison-Blanche avait été tenue de couper de court à la rumeur, bilan médical à l’appui.
Dans ce document, il était révélé que Joe Biden avait bel et bien subi l’ablation de plusieurs cancers de la peau non-mélaniques avant le début de sa présidence. Un ennui de santé depuis résolu.
« Il est affaibli mais il court partout. Il a des restes d’ancien sportif », juge le spécialiste des États-Unis qui rappelle la reflexion de Jimmy Carter, lui-même ancien président, qui avait admis que jamais il n’aurait pu tenir ce rythme au même âge.
Des bourdes mais une vision
L’habitude a la vie dure. Ces derniers mois, Joe Biden, qui s’est lui-même qualifié de « machine a gaffes », a multiplié les sorties hasardeuses et les moments de gêne.
La sortie d’hier « fait partie des nombreuses bourdes, ce n’est pas la première fois. Il y a ce moment où il s’adressait à un homme lors d’un meeting et l’invitait à se lever, sauf qu’il était en fauteuil roulant. Il a également donné ses condoléances au président irlandais pour la mort de sa mère alors que ce n’était pas le cas », se remémore Jean-Éric Branaa.
Si les bourdes peuvent être expliquées par l’âge de Joe Biden et font « partie du personnage », il faut aussi retenir que ces derniers mois, le président américain est devenu omniprésent dans les médias et occupe le terrain, aussi bien en ce qui concerne la politique intérieure des États-Unis que sur la scène internationale.
« Les républicains sont ennuyés » par cette stratégie, reprend Jean-Éric Branaa, qui estime que l’omniprésence de Biden sert à « protéger Kamala Harris des attaques. »
« C’est elle qui doit prendre la suite de Biden, mais en laissant planer le doute sur sa nouvelle candidature, il empêche les critiques. Biden avait beaucoup insisté sur sa volonté d’être un pont entre deux Amériques. Il va sûrement vouloir laisser sa place à Harris et rester comme étant celui qui a permis l’élection de la première femme à la Maison Blanche. C’est le plan et c’est très bien joué de sa part », conclut-il.
Une hypothèse selon laquelle, et alors qu’il sera âgé de 82 ans en 2024, Joe Biden ne serait pas candidat à sa propre succession.
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