Justine Vayrac, 20 ans, a disparu à Brive-la-Gaillarde dans la nuit de samedi à dimanche. Tandis qu’un suspect a été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte pour séquestration et enlèvement, enquêteurs et experts s’activent pour recueillir des éléments. Des policiers scientifiques ont expliqué leur travail dans ces circonstances ce mercredi à BFMTV.
Les recherches avancent dans l’affaire Justine Vayrac. Une enquête a été ouverte pour enlèvement et séquestration après la disparition de la jeune femme de 20 ans dans la nuit de samedi à dimanche à la suite d’une virée en boîte à Brive-la-Gaillarde avec quelques amis. La procédure a entraîné l’arrestation d’un suspect – le dernier homme aperçu aux côtés de cette mère d’un garçon de deux ans – et son placement en garde à vue.
Depuis, les battues, ratissage et perquisitions menées au domicile de l’interpellé ont permis d’établir la présence de sang dans sa chambre et l’habitacle de son véhicule, et de découvrir le sac à main de la disparue à proximité immédiate de cette exploitation agricole.
Autant d’éléments révélés ce mercredi après-midi par la procureure de la République de Brive-la-Gaillarde, Emilie Abrantes, et recueillis par les enquêteurs. À la police scientifique à présent d’opérer afin de faire parler les indices. Certains de leurs experts sont intervenus ce mercredi sur notre antenne pour décrire leur travail et son déroulement dans des dossiers de cette nature.
Depuis Lyon, Pierre Pascaud, commissaire et porte-parole de la police scientifique, a fixé la priorité devant nos caméras: « Dans ce type d’affaires, la première chose à faire est de nous intéresser à la vidéo-protection à l’extérieur, ou du côté de l’établissement de nuit ou dans d’autres endroits nous permettant de déterminer le cheminement de la disparue. »
Vérifications qui impliquent une lourde logistique. « Il nous faut des outils très performants pour récupérer des téraoctets et des téraoctets de données. Ensuite, notre laboratoire central de criminalistique numérique sera peut-être en mesure de les analyser. Ces analyses prendront beaucoup de temps car il y a des heures de visionnage à effectuer », a concédé le commissaire.
« Mais nous avons des algorithmes, de l’intelligence artificielle en support des experts pour nous aider à aller très vite dans le tri de ces images », a-t-il ajouté.
Une fois ces vidéos et images téléchargées, les experts peuvent passer à la seconde étape de leur labeur. « Il y a toute la partie constations sur des scènes pouvant avoir un intérêt pour l’enquête, c’est-à-dire le domicile du suspect, peut-être son véhicule », a pointé Pierre Pascaud.
D’accord, mais comment s’y retrouver dans un lieu forcément marqué par une forte affluence, telle que le parking d’une boîte de nuit dans le cas de la disparition de Justine Vayrac? Ici, les policiers scientifiques peuvent se reposer sur leurs collègues:
« Les enquêteurs vont contextualiser. Nous, nous allons relever les éléments les plus probants possibles, matériels pour corroborer les hypothèses des enquêteurs qui auront discriminé les endroits d’intérêt des endroits moins intéressants », a poursuivi le porte-parole de la police scientifique.
Si ces endroits sont intéressants, c’est d’abord parce qu’ils sont susceptibles de dévoiler des dépôts potentiellement riches de messages. « Nous allons chercher des traces de sang sur lesquelles on va mener des analyses ADN. On va effectuer des morphoanalyses pour savoir pourquoi ces projections ont eu lieu à cet endroit, ce qu’il s’est passé », a mis en exergue Pierre Pascaud.
Après le sang, ce sont les traces papillaires – soit les empreintes digitales – qui constituent l’autre axe de recherches des scientifiques, ainsi que l’a posé une nouvelle fois le commissaire: « Avec une poudre et le petit pinceau que vous pouvez voir dans les séries, on peut faire apparaître les empreintes, pour ensuite alimenter notre fichier automatisé des empreintes digitales et faire des comparaisons avec notre base de données. » Il s’agira plus tard de tâcher d’attribuer ces empreintes papillaires à un suspect.
Afin d’achever ce tableau et montrer que ses collègues ne négligeaient rien à l’heure d’accumuler un matériau à même d’aider les enquêteurs, il a encore glissé: « On revient sur les lieux pour faire des recherches biologiques avec des relevés d’écouvillons, retrouver des ADN. On frotte sur des endroits déterminés et ça vient dans un laboratoire pour l’établissement du profil génétique. »
Son confrère Guillaume Groult, secrétaire national adjoint du syndicat de police scientifique, a dépeint sur notre plateau la méthodologie employée, notamment pour identifier d’éventuels reliquats exhumés dans une voiture: « On a des méthodes d’analyse in situ pour voir si certaines traces ne sont pas des traces habituelles mais plutôt, par exemple, des traces de sang. Après, on a aussi des méthodes de démontage: on va rechercher dans des zones plus difficiles d’accès et donc à nettoyer, des interstices. »
C’est alors une course contre-la-montre qui s’engage. « Pendant la garde à vue, ils vont essayer de savoir si les traces de sang découvertes appartiennent bien à cette jeune femme », a souligné Jacques Morel, général de gendarmerie et ancien patron de la section de recherche de Versailles, dans nos studios, développant: « Ils vont essayer de recueillir rapidement le groupe sanguin de la personne disparue, l’ADN dans la famille, de manière à être prêt au moment où ils auront les résultats d’analyse. »
Il est heureusement possible d’accélérer ces examens. « On sait que chaque heure compte », a d’abord fait observer Guillaume Groult, reconnaissant que « le travail d’analyse a des délais incompressibles ». « Ceci étant », a-t-il ajouté, « on a quand même des dispositions pour répondre à ces situations d’urgence, donc des procédures d’urgence ». Résultat, a-t-il assuré: « En moins de 24h sur une trace très individualisée comme du sang, on va pouvoir tirer un profil, en faisant le maximum d’efforts. » « On ne pourra pas dire à qui il est mais on pourra le comparer », a enchaîné Guillaume Groult.
Prolongée, la garde à vue de l’homme suspecté dans l’enquête autour de la disparition de Justine Vayrac doit prendre fin jeudi matin. D’après la procureure de la République de Brive-la-Gaillarde, on assistera dans la foulée à l’ouverture d’une information judiciaire prise en charge par le pôle judiciaire de Limoges.
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