Quatre chiens en sont morts en Ariège. Si un vaccin existe, aucun traitement ne soigne la maladie d’Aujeszky, transmise par les porcs et les sangliers.
Les propriétaires de chiens doivent-ils craindre la maladie d’Aujeszky, cette maladie très contagieuse transmise aux chiens par les sangliers sauvages? Mi-décembre, les 16 sangliers d’un élevage situé à Buisson-de-Cadouin (Dordogne) ont été abattus sur ordre de la préfecture. Les animaux étaient positifs à la maladie d’Aujeszky.
« On l’appelle aussi la pseudo-rage », explique à BFMTV.com Barbara Dufour, professeure de maladies contagieuses et d’épidémiologie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (Val-de-Marne). « C’est un virus assez spécifique des suidés, il tue les marcassins et fait avorter les femelles. »
« Ce sont surtout les chiens de chasse qui peuvent attraper la maladie en allant gratter et manger dans les gîtes ou les souilles de sangliers (les lieux où ils se reposent ou se roulent, NDLR) », poursuit Barbara Dufour.
Un chasseur de Belvès, dans le même département, a dû faire euthanasier l’un de ses chiens vendredi 20 décembre, rapporte France Bleu.
La mort en 24 à 48 heures
Récemment, quatre chiens en sont morts dans le département de l’Ariège, rapporte de son côté La Dépêche. La maladie d’Aujeszk n’est pas transmissible à l’être humain mais peut contaminer des carnivores -plus rarement des ruminants ou des équidés. Des chats ont ainsi été contaminés par le passé mais avant que la maladie ne soit totalement éradiquée dans les élevages de porc.
La contamination du chien se fait par l’ingestion de viscères de porc ou de sanglier contaminés par le virus, détaille le centre hospitalier vétérinaire Frégis, situé à Gentilly (Val-de-Marne). Mais aussi avec des restes de sanglier, notamment si la laie perd sa portée. « Les chiens sont attirés par l’odeur », pointe Barbara Dufour, également présidente d’Agronomes et vétérinaires sans frontières.
Concrètement, la maladie cause chez le chien une encéphalomyélite qui évolue, « en 24 à 48 heures vers la mort », ajoute la vétérinaire. Parmi les premiers symptômes: une modification soudaine du comportement du chien. Il devient tout à coup abattu, inquiet et très agressif. Des changements de comportement qui peuvent en effet être confondus avec la rage.
« Très vite des démangeaisons très intenses apparaissent de façon pratiquement systématique chez le chien. Elles se localisent préférentiellement au niveau de la tête et vont souvent jusqu’à l’automutilation », ajoute le centre hospitalier vétérinaire Frégis. « Les chiens souffrent terriblement », poursuit la vétérinaire Barbara Dufour.
« C’est horrible, ils se détruisent. Parfois, la maladie va tellement vite qu’on n’a même pas le temps de les euthanasier. »
« C’est comme s’ils voulaient s’arracher la tête »
La maladie paralyse ensuite le pharynx, le chien bave beaucoup, puis viennent des troubles de la déglutition et une paralysie. En ce qui concerne les cas recensés dans l’Ariège, « le doute est quasiment nul », assure au quotidien régional Vanessa Léro, vétérinaire à Villeneuve-d’Olmes, qui les a découverts. Car le diagnostic n’est certain qu’après l’étude des prélèvements du cerveau du chien mort.
Si le laboratoire n’a pas encore rendu les résultats des analyses pour les cas de l’Ariège, « les chiens présentaient l’ensemble des signes cliniques de la maladie », ajoute la vétérinaire. Tous souffraient de fortes démangeaisons. « C’est très violent, c’est comme s’ils voulaient s’arracher la tête », décrit Vanessa Léro.
600 chiens vont être vaccinés
Aucun traitement ne soigne la maladie mais un vaccin existe, même s’il n’est pas disponible en France. Quelque 600 chiens de chasseurs vont ainsi être vaccinés dans les prochains jours avec des doses commandées dans des pays européens voisins, selon La Dépêche.
Alors que près d’un tiers des sangliers seraient séropositifs, « la meilleure mesure de prévention, c’est de ne pas donner de viande crue ou de viscères de sanglier aux chiens, sachant que le virus n’est pas tué par la congélation, seulement par une cuisson à plus de 80 °C », met en garde Vanessa Léro.
Mais pour la vétérinaire Barbara Dufour, il n’y a pas de raison de paniquer. La maladie ne représente que quelques cas par an chez le chien en France. « Ce n’est pas en se promenant sur un sentier de forêt que votre chien risque d’attraper la maladie », rassure-t-elle.
« C’est en revanche plus risqué si votre chien s’éloigne et va fouiller ou gratter dans des taillis. La meilleure protection, c’est d’être vigilant et de rappeler son chien. »
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.