Bruxelles vers plus de souplesse

Bruxelles réfléchit à mettre de l’eau dans son vin sur les nouvelles normes CO2 pour l’automobile selon nos informations. De plus en plus de voix s’élèvent pour accorder un délai aux constructeurs européens, qui risquent de payer de lourdes amendes s’ils ne vendent pas davantage de voitures électriques en 2025.

Dans les couloirs de la Commission européenne, l’idée d’accorder de la souplesse aux constructeurs fait lentement (mais sûrement?) son chemin. Depuis des mois, le secteur automobile, sous la houlette de Luca de Meo, directeur général de Renault et alors patron du lobby automobile de l’ACEA, alerte sur les dangers des nouvelles normes d’émissions C02, entrées en vigueur au début de l’année.

Si les constructeurs ne vendent pas un peu plus de 20% de voitures électriques en 2025, ils s’exposent à de lourdes amendes, jusqu’à 15 milliards d’euros selon l’ACEA. Le message du secteur semble avoir été entendu à Bruxelles, avec une option notamment sur la table: celle de lisser les amendes sur plusieurs années. L’idée serait de calculer les pénalités des constructeurs sur deux ou trois ans pour leur laisser le temps de s’organiser.

Plusieurs commissaires convaincus

Cette solution séduit jusqu’au gouvernement français, à la manœuvre depuis plusieurs semaines pour aider le secteur à obtenir un sursis.

« Cela permettrait aux constructeurs d’éviter de faire des provisions dans leur compte ou bien d’acheter des crédits carbones à des pure-players de l’électrique », glisse-t-on.

Stellantis, Ford ou encore Toyota ont d’ailleurs déjà commencé à négocier avec Tesla en ce sens.

A Bruxelles, « plusieurs commissaires sont désormais convaincus de l’urgence d’agir », assure une source. La numéro 2 de la Commission Européenne, Teresa Ribera se serait aussi rangée à cet avis. « Des propositions pour assouplir les amendes sont sur le bureau d’Ursula von der Leyen depuis le 20 décembre, détaille cette même source. C’est maintenant à elle de trancher ».

« Il faut régler le problème avant l’ouverture du dialogue stratégique sur l’avenir de l’automobile -prévu ce mois-ci », estime-t-on encore.

Le mutisme d’Ursula von der Leyen

Si aucune date n’a encore été fixée, l’ouverture d’un dialogue est très attendue par l’ensemble de la filière. Selon nos informations, deux thèmes seront au centre des débats. La question d’abord de la relation avec la Chine.

« Sans fermer la porte aux constructeurs chinois, il faudra mettre certaines limites, leur faire respecter certains critères s’ils investissent en Europe », explique un spécialiste à Bruxelles.

S’assurer par exemple que les constructeurs chinois qui s’installent sur le continent ne fassent pas de la production déguisée pour échapper aux droits de douanes.

Autre thème de discussion et pas des moindres, celui de la sauvegarde de la filière automobile en générale, avec plusieurs pistes évoquées: bonus écologique européen, législation sur le verdissement des flottes ou encore instauration d’un prix plancher aux bornes de recharge électriques.

Autant d’enjeux de long terme qui risquent d’être parasités par les amendes C02. « Si ce problème n’est pas résolu avant l’ouverture du dialogue, celui-ci sera un échec », s’agace-t-on à Bruxelles. A Paris, le silence d’Ursula von der Leyen en crispe également plus d’un. Certains jugent désormais que son mutisme est une « erreur politique ».

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