Face à un secteur du luxe automobile de plus en plus en proie à l’électrification, Maybach, le label de luxe de Mercedes, conserve envers et contre tout sa traditionnelle limousine V12. Voyage exceptionnel au cœur d’une conception rare du déplacement automobile.
Mercedes, BMW, Audi, Bentley et même Rolls-Royce. Tout le monde y passe et tout le monde va y passer. Même Lamborghini. Même Ferrari à terme. L’électrification est en train de rapidement trouver sa place, même au sein d’un secteur de l’automobile de prestige réputé très conservateur et très attaché au moteur thermique.
Mais les constructeurs y sont bien obligés: au vu de l’intensification des normes environnementales et des malus, les modèles de luxe et sportifs n’ont d’autre choix que d’intégrer leur dose d’électrification pour modérer l’impact de leurs mécaniques souvent superlatives.
Et au vu de certaines réussites, les grandes marques ont bon espoir de convertir une partie de leur clientèle à l’hybridation et au 100% électrique. Mercedes par exemple, en vendant l’hybride rechargeable comme garantie de puissances colossales, a très bien lancé sa technologie E-Performance, déclinée désormais sur une bonne partie de la gamme, dont les impressionnants Classe S63 et le GLC coupé 63s essayés ici. Même la Rolls-Royce Spectre, 100% électrique, est l’objet de nombreux éloges même de la part des orthodoxes des motorisations thermiques.
Pour autant, la clientèle de l’automobile de prestige intéressée par l’électrification automobile reste minoritaire, et les constructeurs doivent en tenir compte. C’est pourquoi, malgré des malus assommants, les grandes marques continuent à rester fidèle au 100% thermique, notamment pour les mécaniques d’exception.
On aime: une limousine très Art Déco
Et c’est évidemment le cas de Maybach. Cette unité spécifique de Mercedes, un temps marque à part puis réintégrée à l’ensemble, fabrique depuis 2015 une évolution de la Classe S, le navire amiral de la marque, en la modifiant profondément, esthétiquement et intérieurement, pour en faire la plus pure expression du prestige Mercedes.
D’ailleurs le produit fini rappelle la Classe S effectivement, mais avec de telles différences qu’on est vraiment face à un produit totalement exceptionnel dans la gamme. Rallongée d’une trentaine de centimètres par rapport à la Classe S de base, revêtue d’une parure deux tons bleue électrique et gris clair, logos spécifiques sur les côtés, jantes alliage de 19 pouces à rayons. On est bien loin d’un simple « tuning de luxe », mais face à une vraie réinterprétation Art Déco du vaisseau amiral de la marque.
À l’intérieur, on est (presque) moins surpris. Le niveau de luxe atteint par les récentes Classe S est déjà très élevé, et l’essentiel, notamment du complexe système d’infotainment avant-arrière, écrans, tablettes numériques etc., est repris du modèle d’origine.
Mais Maybach y ajoute une patte inimitable: moquettes profondes, sellerie noire Nappa de qualité optimale, innombrables détails finement ouvragés, forme du mobilier… On a vraiment l’impression d’être dans un niveau supérieur de souci du détail. Des tablettes métalliques escamotables pour prendre une petite collation au minibar éclairé à l’arrière, équipé aussi de deux coupes métalliques pour boire le champagne bien frais… tout est étudié au millimètre pour garantir une expérience de voyage inoubliable. Pour vous dire, même les charnières d’ouverture du capot moteur sont des objets admirablement ouvragés qui valent qu’on y jette un coup d’oeil.
Ce sont notamment les places arrières qui font la réputation de la marque depuis sa résurrection en 2002. De vrais sièges de jet privé, inclinables et réglables dans de multiples positions, jusqu’à se mettre en position couchette pour une petite sieste. La tête reposant sur des petits coussins ouvragés et griffés de la marque. Les rideaux électriques des vitres arrières et du toit ouvrant en deux parties vous assureront le calme le plus absolu si vous le souhaitez, accentuant l’ambiance extrêmement feutrée de ce cockpit spectaculaire.
On aime aussi: une vraie auto dynamique
Mais la Maybach S680, aussi étonnant que cela puisse paraître, se savoure aussi à son volant. Là, moins de surprises, quand on a la chance de connaître la Classe S, on est moins dépaysé. Mais c’est le comportement de cette extraordinaire limousine qui a de quoi surprendre.
Déjà une prise en main extrêmement facile malgré des dimensions hors norme, à 5,40 mètres de long. Pour la petite histoire, le modèle essayé dans ces lignes n’était pas doté des quatre roues directrices de la transmission 4Matic+. Et pourtant… Malgré sa longueur, la Maybach S680 se conduit très facilement et avec un vrai sentiment de confiance et de maniabilité. La direction, plutôt précise, et le rayon de braquage bien étudié s’avèrent déjà bien suffisants, même en cas de manœuvres compliquées dans des parkings souterrains par exemple, traditionnellement périlleuses avec ce genre d’engin.
Et puis la force de cette Maybach, c’est aussi, et même avant tout, sa salle des machines. Sous le capot moteur trône fièrement un authentique V12. Ce type de moteur, réservé au très grand luxe et aux super-sportives, est devenu totalement exceptionnel dans la production automobile mondiale, au vu des progrès en termes d’efficacité et du miracle de l’hybridation sur les V6 et V8.
Mais Maybach reste fidèle au 12 cylindres en V, et avec bonheur. Une mécanique d’une complexité audible, assemblée à la main et dotée de deux turbos, un souffle inimitable qui génère 612 chevaux et 900Nm de couple. Pas inutile pour propulser un paquebot de 2,3 tonnes dans l’absolu, mais avec un charme et une distinction incroyable. Car il reste discret, juste présent pour démontrer son énorme puissance, mais sans aucune ostentation.
On aime encore plus: un étonnant compromis entre puissance et confort
D’ailleurs sur la route, a des régimes de croisière et dans les modes de conduites les plus typés « confort » (dont le mode spécifique Maybach), vous ne l’entendrez pas beaucoup. Au contraire, cette Maybach est faite pour garantir à ses passagers un silence et un calme optimum. Le niveau d’insonorisation est vraiment impressionnant et vous pourrez ainsi profiter de l’ensemble des solutions médias, audio Burmeister exceptionnelle, TV, VOD, etc.
Mais si le chauffeur décide de hausser le rythme, la Maybach a un sacré répondant. Le moteur s’entend un peu plus, gronde avec douceur mais vous colle au fond du siège. D’ailleurs l’impression de vitesse n’est pas feinte, avec des accélérations du 0 à 100km/h en 4,5 secondes, de quoi tenir tête même à des sportives confirmées.
Et c’est cette identité singulière qu’on retrouve dans le confort de roulement de cette étonnante Maybach S680: point de vue tenue et toucher de route, on ne peut guère imaginer que Rolls-Royce au-dessus de ce niveau. Pour autant, on n’est à aucun moment isolé de la route, et son châssis se révèle même dynamique et bien balancé quand le rythme accélère. Une performance hors du commun qui fait en plus de cette lourde limousine un engin agréable à mener à bon rythme, même avec sa masse très élevée et sa longueur impressionnante.
Mais à quel prix? Celui d’un appartement à Paris
On peut toujours s’amuser à essayer de trouver des défauts à une automobile qui vaut le prix d’un appartement parisien et qui a été conçue de A à Z comme une forme de mobilité exceptionnelle. Mais franchement à quoi bon? Oui, il n’y a pas de parapluies extractibles comme chez Rolls-Royce, d’accord. Oui, le volume de coffre aurait mérité d’être un peu plus grand, mais aussi, quelle idée de se plaindre alors que le volume souffre avant tout de la présence du mini-bar réservé au places arrières? Et si consommer 13 litres aux 100 kilomètres peut paraître totalement fou dans le contexte automobile et environnemental actuel, autant faire une croix sur le V12.
À 247.350,60 euros prix de base (+options, +méga-malus de 60.000 euros pour cause d’émissions de 305g de CO2/km…), la Maybach S680 est une des automobiles les plus coûteuses du marché chez un constructeur généraliste. C’est le prix de l’exception, qui transformera chacun de vos déplacements en voyage extraordinaire, peuplé de multiples découvertes, dans un véritable salon roulant de très grand luxe.
Certes la révolution électrique arrive également chez Maybach, avec une S580e qui reprend la chaîne motrice hybride rechargeable de la Classe S. Mais cette S680 V12 restera l’apanage et la référence de qui veut rouler avec classe et confort dans une sorte de stratosphère automobile sans aucune concession, où encore une fois seuls Rolls-Royce et Bentley seront les alternatives. Celle où les grandes marques tentent tout simplement de concevoir les meilleures voitures au monde.
Notre modèle à l’essai: Maybach S680, à 301.600,59 euros (avec options)
Cliquez ici pour lire l’article depuis sa source.