Selon un bilan provisoire de la gendarmerie dévoilé ce vendredi, 48 personnes ont été interpellées au cours de cet été marqué par un record de surfaces brûlées, notamment dans le Sud-Ouest.
Après un été en enfer, l’heure du bilan. Quelle a été la responsabilité humaine dans les départs de feu? Quand les pompiers tentaient d’éteindre les flammes, les gendarmes, eux, pistaient les incendiaires. Car si le vent et la sécheresse peuvent expliquer la rapidité de propagation des flammes, l’allumette, elle, a bien souvent été humaine.
Un total de 48 personnes soupçonnées d’être à l’origine de plusieurs incendies ont été interpellées durant cette période estivale, marquée par des grands feux de forêts notamment dans le sud-ouest du pays, selon un bilan provisoire de la gendarmerie dévoilé ce vendredi.
Quelles peines pour les responsables?
Douze personnes ont déjà été condamnées: la plus lourde peine, deux ans de prison, a été prononcée contre un jeune homme interpellé en août et reconnu coupable d’une série d’incendies en Gironde.
Certaines, mineures, ont écopé de mesures éducatives, comme ces deux adolescents dont les pétards d’artifice avaient déclenché un incendie brûlant cinq hectares dans le Morbihan début août.
Fin juillet, un homme de 44 ans a été mis en examen après avoir avoué avoir causé plusieurs départs de feu qui ont ravagé 1 200 hectares en Ardèche. Un ancien pompier volontaire de 33 ans sera jugé à Béziers fin septembre pour deux incendies dans l’Hérault. Ces deux hommes et « plus d’une dizaine » d’autres ont été placés en détention provisoire le temps de l’enquête, selon la gendarmerie.
Des profils très divers
« On a des profils très variés, des jeunes, des mineurs, des retraités, tous les milieux sociaux sont représentés avec un majorité d’hommes », décrit la lieutenante-colonelle Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie nationale. Certains ont « un profil psychologique plus faible, parfois des troubles mentaux », ajoute-t-elle.
Les expertises médicales qui seront diligentées au cours des enquêtes doivent permettre de distinguer les pyromanes, qui mettent le feu pour satisfaire une pulsion, des incendiaires, dont l’acte répond à un mobile précis. A noter que le départ d’un feu peut aussi être d’origine accidentelle.
Comme l’expliquait en juillet dernier à BFMTV Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne, la pyromanie est « un trouble mental assez rare, qui se déclare durant l’enfance, principalement chez les garçons ».
« C’est notamment le cas chez ceux qui ont eu une éducation répressive et maltraitante, avec une carence dans la possibilité à exprimer leurs émotions », avait-elle ajouté.
Chaque départ de feu, dont 90% sont causés par l’homme et 30% sont volontaires selon l’Office national des forêts (ONF), fait l’objet d’une enquête judiciaire.
Comment ont enquêté les gendarmes?
De par son implantation en zone rurale, la gendarmerie a été saisie de l’écrasante majorité des dossiers, précisémment 43, concernant les feux de forêt. « Au plus fort de l’été, le 13 août, nous avons eu jusqu’à 500 gendarmes déployés sur 18 incendies », souligne Marie-Laure Pezant.
La gendarmerie a notamment mobilisé ses techniciens en identification criminelle au sein des cellules de Recherche des causes et des circonstances de l’incendie (RCCI), au côté de pompiers et d’agents de l’ONF.
Ces enquêteurs pratiquent « la technique de l’escargot », image la porte-parole, depuis le point de départ supposé du feu jusqu’à une cartographie 3D de la zone brûlée réalisée à partir de drones et d’hélicoptères.
« Le feu n’efface pas tout, on arrive toujours à retrouver des traces, de l’ADN ou des objets pour remonter jusqu’à l’auteur », comme un tesson de bouteille ou un briquet, insiste la porte-parole des gendarmes.
Fin juillet, près d’Orange (Vaucluse), l’analyse d’un mégot de cigarette a ainsi permis de remonter à une personne qui sera jugée prochainement.
Lorsque la technique fait défaut, c’est le renseignement humain qui peut s’avérer décisif. « Quand il y a un départ de feu, on a des gens qui observent et les informations nous remontent très vite », rapporte la lieutenante-colonelle.
Ainsi, les gendarmes ont pu rapidement remonter la piste d’un jeune homme soupçonné d’être à l’origine de deux incendies en juillet dans les Pyrénées-Orientales, grâce à des témoins qui ont reconnu sa voiture quitter les lieux avant le départ des flammes.
Bientôt plus de moyens?
Afin d’améliorer le travail d’enquête judiciaire, notamment dans les affaires d’incendies volontaires, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé en août vouloir lancer « 3 000 postes de gendarmes verts« , sans préciser s’il s’agissait de créations de postes ou de réaffectations après une formation.
Au 17 septembre, plus de 65 000 hectares de forêt avaient brûlé en France, dont 50 000 depuis le début de l’été, soit la plus grande surface brûlée à ce stade de l’année depuis le début des données satellitaires en 2006, selon le Système européen d’information sur les feux de forêts (Effis).
La Gironde, qui abrite une partie de la plus grande forêt de résineux d’Europe, a été particulièrement touchée avec 30 000 hectares partis en fumée, dont plus de 21 000 pour le seul secteur de Landiras.
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